Le 25 janvier 1952, symbole de la bravoure et de la prouesse de la Police égyptienne

Dr Nesrine Choucri Lundi 25 Janvier 2021-12:00:06 Chronique et Analyse
La Police égyptienne
La Police égyptienne

Le 25 janvier 1952, une date que nul n’oubliera jamais ! Une date qui a inculqué aux envahisseurs et colonisateurs une leçon inoubliable et qui a rappelé que les Egyptiens n’accepteront jamais pour rien au monde la honte, ni l’atteinte à leur dignité. Ce jour a démontré que la Police égyptienne - comme l’Armée égyptienne - est une force nationale au service du peuple et prête à se sacrifier pour défendre la dignité et la souveraineté de la patrie. En ce jour, une leçon demeure vivante dans les esprits : notre Police est un instrument de protection de la patrie, un outil de confirmation de sa souveraineté et une valve de sécurité contre tous ceux qui cherchent à porter atteinte à la sécurité et la sûreté de l’Egypte.

 

 

 

Fermons les yeux, oublions l’année 2020 avec ses insécurités, et plongeons dans le passé! Partons vers le début de la deuxième moitié du vingtième siècle. A cette époque, l’Egypte décide de changer non seulement son histoire, mais aussi d’inspirer les peuples d’Afrique et de la région. Déjà à partir de 1948, une colère inédite gronde dans les rangs des officiers de l’Armée après l’affaire des armes pourries qui leur ont été remises durant la guerre de libération de la Palestine. Des armes, qui au lieu de les aider à réaliser leurs objectifs, ont conduit à leur déformation sur le front. Ils n’auront alors que leurs volontés et leur amour pour la Palestine pour la défendre. Malgré cette prouesse, l’absence d’armes efficaces et en bon état est un chapitre important : le roi est montré du doigt dans ce scandale! L’acte est impardonnable, l’enjeu est de taille, les pertes humaines chères.

Aucun incident ne vient calmer cette gronde qui monte crescendo parmi les Egyptiens. Au contraire, les erreurs d’une royauté qui ferme les yeux sur la présence d’un envahisseur britannique sont de plus en plus inadmissibles. Et nul n’arrive à digérer les injustices exercées par les Britanniques, ni par les nobles.

Le 25 janvier 1952 ne peut être lu, ni analysé à l’abri du contexte général depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale en Egypte. Ce jour n’est pas uniquement la fête nationale de la Police, mais il est également celle de la ville d’Ismaïlia. Inéluctablement, ce jour représente la lutte d’un peuple contre l’envahisseur britannique via toutes ses composantes sociales : ouvriers, révolutionnaires, étudiants et intellectuels. On ne peut mentionner la fête de la Police sans évoquer le général Fouad Sérageddine, le plus jeune ministre de l’Intérieur à cette époque et l’un des leaders historiques du parti Al-Wafd.

L'histoire a commencé lorsque la zone du Canal était sous le contrôle des forces britanniques selon l'accord de 1936, en vertu duquel les forces britanniques se retireraient vers le Canal, et n'auraient aucune représentation à l'intérieur du pays égyptien à part la région du Canal représentée par Ismaïlia, Suez et Port-Saïd. Or, après le triste chapitre de 1948, les Egyptiens étaient soulevés davantage contre les envahisseurs britanniques. De même qu’ils réclamaient une évacuation totale de leur territoire. Les jeunes révolutionnaires ont mené des attaques contre les forces britanniques à l'intérieur de ladite zone. La Grande-Bretagne subissait de lourdes pertes humaines et matérielles presque chaque jour, et les jeunes révolutionnaires ne semblaient point se lasser.

Les révolutionnaires baptisés dans le dialecte égyptien « fiday’ine » travaillaient à cette époque sans coordination entre eux jusqu'en 1952.  En cette année, ils ont commencé à resserrer leurs rangs et à coordonner leurs attaques. L’occupant britanique a subi davantage de pertes, ce qui les a soulevés encore plus. La ville d'Ismaïlia était à cette époque divisée en deux zones bien distinctes : le quartier occidental où vivaient les Britanniques, et le quartier dit « baladi »  où vivaient les Egyptiens. Pour se protéger et châtier la population égyptienne, les Britanniques ont expulsé les Egyptiens de leurs maisons et de leur quartier, les forçant à quitter totalement la ville. Cela n’a fait que renforcer la détermination des révolutionnaires et des Egyptiens à poursuivre leurs plans pour les forcer à partir et à libérer leur territoire.

Telles étaient les circonstances avant le 25 janvier. Les Britanniques cherchaient par n’importe quel moyen à imposer leur contrôle, à l’étendre et à le renforcer sur la ville d’Ismaïlia, croyant être capables de mater un peuple en révolte pour réclamer ses moindres droits.

Le 25 janvier 1952, un jeune lieutenant Moustafa Fahmi se trouvait au siège du gouvernorat d’Ismaïlia. Il a été surpris de voir le commandant en chef des forces britanniques lui demander de se retirer du bâtiment. Il devait partir ainsi que tous les officiers et soldats égyptiens et remettre le bâtiment aux forces britanniques. Une demande qui n’a pas du tout était acceptée par le jeune officier égyptien. C’était une question d’honneur, pas uniquement son honneur à lui, mais aussi celui de toute la Police égyptienne et de la patrie.

Historiquement, il est connu que le standardiste au siège du bâtiment a reçu un appel téléphonique de la part du ministre de l’Intérieur Fouad Sérageddine qui avait demandé aux officiers de ne pas se retirer, de rester sur place et de faire preuve de prouesse, d’après le site d’informations de Sada El-Balad.  C’est ainsi que la bataille d’Ismaïlia a commencé, une bataille pour la dignité et l’honneur.

Or, les Britanniques ne voulaient pas comprendre que les Egyptiens ont décidé de défendre leur souveraineté jusqu’au bout. Le commandant général des forces britanniques dans la zone du Canal de Suez a envoyé un ultimatum au jeune colonel Chérif Al-Abd. C’était précisément à six heures du matin lorsque le commandant britannique a demandé à la Police égyptienne représentée par Al-Abd de remettre leurs armes et de quitter leur position. Et de renchérir que la Police égyptienne devrait également quitter totalement la zone de Suez, soulignant que tout refus sera maté par le recours à la force, selon www.elbalad.news/3669017.

Le général de division Ahmed Raef, commandant des blocs du régime, et Ali Helmi, le vice-gouverneur, ont immédiatement téléphoné au ministre de l'Intérieur de l'époque, Fouad Sérageddine, au Caire. Ce dernier leur a ordonné de rejeter l'ultimatum britannique et de résister à toute agression ou attaque jusqu’à la dernière balle et au dernier soldat. Face à cette détermination, les Britanniques se sont montrés cruels.

A sept heures du matin, la boucherie commence : une boucherie qui a écrit en lettres d’or les noms des officiers égyptiens et de la Police égyptienne dans les annales de l’Histoire. À sept heures du matin, le massacre brutal a commencé, des canons de campagne et des canons de chars de 100 millimètres (centurion) ont débuté à détruire le bâtiment du gouvernorat et la caserne du régime, sans aucune pitié.

Après que les murs se sont effondrés et que le sang a coulé, le général britannique a ordonné d'arrêter pendant une courte période afin d'annoncer aux policiers piégés à l'intérieur son dernier avertissement : se rendre et partir les mains levées et sans leurs armes contre leur vie, sinon ses forces reprendraient leurs frappes avec une sévérité maximale.

L’arrogant commandant britannique a été étonné lorsque la réponse est venue de la part d’un jeune officier enflammé d'enthousiasme et de patriotisme, le capitaine Moustafa Refaat, qui s’est écrié avec courage en disant: "Vous n’allez rien obtenir de nous à part nos cadavres."

Les Britanniques ont repris leur massacre odieux : les canons tonnaient, les chars rugissaient et les bombes rasaient les bâtiments les transformant en décombres, et le sang pur des martyrs de la Police couvrait le sol, traçant une épopée inoubliable. Malgré cet enfer, les héros de la Police ont tenu fermement à leurs positions, repoussant avec leurs anciens fusils les armes les plus puissantes et les plus modernes de la Grande-Bretagne, jusqu'à ce que leurs munitions soient épuisées. Les Britanniques ont pu ainsi mettre la main sur les emplacements convoités, mais ce n’était pas un véritable triomphe, ni une victoire rayonnante. Cette bataille a enflammé le patriotisme de tous les Egyptiens. Le général britannique ne pouvait cacher son admiration pour le courage des Egyptiens, alors il a dit au lieutenant Chérif Al-Abd, l'officier de liaison: «La Police égyptienne s'est battue avec honneur et s'est rendue avec honneur, et il est donc de notre devoir de les respecter tous, officiers et soldats.

L'affrontement entre la Police égyptienne et les forces britanniques a entraîné la mort de 50 policiers et fait plus de 80 blessés, tandis que 13 officiers britanniques ont été tués et 12 blessés, et les Britanniques ont gardé captifs les officiers et soldats survivants, dirigés par leur commandant le général de division Ahmed Raef, qui n'ont été libérés qu’en février 1952, d’après Sada El-Balad. Ces martyrs ont réellement inculqué aux Britanniques une leçon inoubliable : la dignité et l’honneur sont des valeurs indiscutables pour les Egyptiens.

Depuis ce jour, l'histoire de la lutte du peuple égyptien contre l'occupation a pris un tournant différent, elle a été considérée comme un jour férié pour la Police, une journée nationale pour le gouvernorat d'Ismaïlia en commémoration du sang qui a coulé pour l'Égypte et des hommes qui ont refusé de déposer leurs armes face aux agresseurs.

Le 25 janvier est ainsi devenu le symbole de la gloire, de l’indépendance, de la souveraineté et du patriotisme. Il marque la résistance des Egyptiens à toute forme d’injustice. Une preuve réelle de l’authenticité de ce peuple qui ne capitule jamais face à l’arrogance des étrangers et qui œuvre toujours à préserver ses droits.  N’oublions pas que c’est aussi la fête de la Révolution égyptienne.

A partir de 2009, le 25 janvier devient officiellement une fête nationale. Cette bataille est un acte précurseur qui a donné naissance certainement à la Révolution du 23 juillet 1952.

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